mercredi 28 juin 2017

Kenavo mamm Ghoz




Il y a des épreuves dans la vie qu'on redoute à chaque instant .. 
Il y a des sentiments enceinte qu'on ne peux vivre normalement. 

Devoir affronter un deuil enceinte, c'est d'autant plus compliqué. Surtout lorsqu'on a une Mlle 21 mois devant soi. 
Je me devais d'être forte devant ma fille car c'est une véritable "éponge" avec moi. 
Je me devais d'être forte devant ma maman qui se trouvait seule devant cette épreuve. 

"Quand l'un arrive, l'autre part" ... une vieille croyance qui m'a beaucoup perturbé. 
Ça déjà été le cas pour ma grande fille (du coté de Mr Le Papa), je suis un peu hanté par cette pensée... Parce que ... 


Rien ne pouvait être prédit ... 



Tous les médecins qu'on a vu, on tous été ahurit. Comment est-il possible qu'elle n'ai rien ressentit avant ?! 

... La force d'une maman, d'une grand mère, est d'être plus puissante qu'une douleur lancinante. 

Ce 23 mai, tu es rentrée pour une pose de prothèse d'épaule .. Tu n'en ressortiras jamais. 
Une découverte de cancer du poumon généralisé et ultra envahissant nous a tous surpris. Le corps médical, a fait plein d'examens pour comprendre ... moi je nous en veux d'avoir laisser faire des examens envahissant pour rien. 


On t'a tenu la main ... jusqu'à la fin. 


J'ai pris un billet d'avion en catastrophe, laissant Mr Le Papa que je venais à peine de retrouver ... Ça m'a beaucoup perturbé. Je sentais qu'il fallait que je monte te voir.
Dès que je t'ai vu, j'ai su que je ne m'étais pas trompé... Mon regard "malheureusement" professionnel a su tout de suite qu'on vivait les derniers jours en ta présence.

Ça été très dur de le faire comprendre à Papy quand moi même j'y arrivais pas. 
Il n’arrêtait pas ... "Elle a eu le courage de faire son lit avant de partir" ; "Elle ne rentrera jamais alors ?"... m'a t il dit. Entre autres ... il m'a beaucoup parlé. Peut être a t'il eu confiance en mon point de vue professionnel, où est-ce le fait que j'ai traversé la France sans hésiter pour être là. 

Je ne t'ai pas reconnu quand je t'ai vu dans ce lit pour la première fois... mais petit à petit, je t'ai apprivoisé. On a l'habitude d'assister à des fins de vie lorsqu'on travaille à l’hôpital. Que c'est différent lorsque c'est personnel. 
Je ne savais même pas à la fin si tu m'entendais, mais je t'ai parlé sans cesse, je t'ai tout raconté, je t'ai massé (autant que possible selon la douleur).

Ce dernier jour ... on savait. Ta respiration faisait déjà des pauses lorsque nous étions là, comme pour nous préparer. Ça faisait déjà plusieurs nuits qu'on attendait LE coup de fil ... plusieurs nuits où je dormais que d'un œil. 
Puis dans la nuit de samedi à dimanche, après avoir eu une grosse série de contractions d'ailleurs, il a eu lieu ce coup de fil, à 00h12 précisément. 

Je n'ai pas pu pleurer ... Car je te savais apaiser. 


Ce n'est pas normal. 


C'est pas normal quand on est enceinte de 6 mois en une seule journée : 
- de préparer des Obsèques avec sa maman plutôt que l’aménagement d'une chambre de bébé.
- de choisir ta tenue pour l'enterrement plutôt que la tenue d'une salle de naissance. 
- de trouver l'idée d'un repas plutôt qu'un menu de baby shower.
- d'appeler l'intégralité de la famille pour leur annoncer ça plutôt qu'une naissance. 

C'est perturbant de savoir que ma Mistinguette tu ne la connaîtras pas... Que je n'aurai pas pour elle ses petits chaussons que tu m'aurais tricoter avec amour ... 


Un dernier au revoir 



Lorsqu'on est rentré de l’hôpital en pleine nuit ... j'ai écrit, seule chose que je sache faire ..
voilà le texte, dans son jus, que j'ai lu le jour J. 


" Il est 2h du matin je suis dans mon lit et je ressent le besoin d'écrire ces quelques mots. 
On vient d'aller à l'hôpital avec Maman te dire un dernier au revoir et surtout de reposer en paix mamie ... 
Ces derniers jours ont été difficiles pour toi, pour nous, pour papy .. te voir enfin apaisée aujourd'hui a été une délivrance, car ce n'était plus une vie... 
tout à tellement été rapide qu'on voudrait mettre une raison, une cause sur ce qui t'es arrivé .. en oubliant l'essentiel. 
Tu es parti à un âge certain qu'on le dirait bel. 

Tu as connu, vu grandir et en bonne santé tes enfants et tes petits enfants. Tu as connu ton arrière petite fille et je sais que c'est avec le sourire Que tu as appris avec bonheur celle qui est à venir. 

Aujourd'hui mon sentiment est forcément particulier. Lorsqu'on attend la vie on ne s'attend à aucun moment devoir se préparer à être endeuiller.
Tu n'aurais pas voulu qu'on soit si triste alors je m'efforce presque de pas pleurer. 

"Elle ne s'attendait pas à ça" m'a dit Papy il y a 3 jours. 
Mais Personne n'aurait cru que la vie allait nous jouer un mauvais tour. 
Il ne faut pas chercher à comprendre ce qui s'est passé ou ce qu'on aurait manqué.. 
il faut garder à l'esprit que désormais tu es apaisée.

On t'as vu souffrir de cette maudite épaule pendant des années, 
C'est Le cancer qui t'envahissait ça on aurait jamais pu s'en douter. 
Ce fut la meilleure des décisions que tu te fasses opérer... tu étais Enfin soulagée. 

La découverte fortuite de la maladie Et son envahissement soudain ... ont transformé ma mamie adoré. 
Ta respiration était devenue une telle souffrance, Que dans ton regard on lisait le souhait d'une délivrance.. on sait aujourd'hui que tu es en paix. 

Tu resteras jamais pour nous, pour moi ... 

Ma mamie couturière .. chez qui j'amenais tout mes jeans troués d'avoir fait la guerrière. 
Ma mamie tricot ... qui tricotait devant ses émissions de tv, des châles, des gilets, des écharpes.. tes aiguilles à tricoter Ca fait désormais 2 ans que tu me les as donné, je ne regarderais plus pareil la première écharpe que j'ai faite à ma bébé ... 
Ma mamie café au lait ... on venait pas chez mamie Sans avoir nos attentions culinaires particulières. Le café au lait au gouter, le verre de grenadine le midi, la laitue et ses patates sautées.. 
Ma mamie Monopoly... je ne pourrais même pas compter ses demi journées entières à jouer à ce jeu, ainsi qu'au petit chevaux et au Ramy. 
Ma mamie câlin ... qui était toujours friande de nous serrer dans ses bras et de  nous dire la même phrase "on s'aime fort nous, hun dit on s'aime fort". 


Oui mamie Comme tu peux le voir d'où tu es mamie on t'aime fort. 
On t'a accompagné jusqu'à la fin en te tenant la main .. 
Comme je te l'ai dit cet après midi on va prendre soin de Papy, soit tranquille ma mamie. 

Je sais que c'est ce que tu aurais voulu alors voila, la vie continue ... 

Kenavo mamm ghoz"



Repose en paix Mamie ... 

On prend le relai .. pour la vie. 

Je t'aime. 

Floriane.